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Histoire du FPU
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Création du Fishermen's Protective Union

Après s'être adressé pendant une heure à un groupe de pêcheurs dans le Orange Hall à Herring Neck, William Ford Coaker (1871-1938) a conclu son discours en demandant à ceux qui étaient intéressés à former un syndicat de pêcheurs de ne pas quitter la salle. Dix-neuf pêcheurs sont restés, et c'est ainsi qu'a été créé, le soir du 3 novembre 1908, le Fishermen's Protective Union (FPU).

Le FPU, sous la direction de son président Coaker, est devenu une force dynamique sur le plan social, économique et politique comme on n'en avait jamais vu auparavant dans la colonie. Jamais personne n'avait jusque là sérieusement essayé de créer un mouvement de pêcheurs pour remettre en question l'ordre établi. Il existait déjà durant cette période deux organisations de pêcheurs dont la fonction dépassait quelque peu celle des sociétés sociales et fraternelles organisées selon le groupe religieux : la Star of the Sea Association, un groupe catholique actif principalement à St. John's, et la Society of United Fishermen, une société de bienfaisance anglicane.

Pour sa part, le FPU était organisé en fonction des classes sociales, et il s'était donné un mandat d'action collective. Les travailleurs des petits villages isolés de Terre-Neuve, c'est-à-dire les pêcheurs, les chasseurs de phoques et les bûcherons, étaient convaincus qu'ils étaient sérieusement désavantagés et opprimés par les structures économiques et politiques existantes et leur cri de ralliement, « Chacun pour soi », témoignait de cette conviction. Les marchands, ayant le soutien tacite de la classe politique à St. John's, exploitaient les travailleurs. Il fallait « ... procéder à un changement profond des intérêts du pays touchant les pêches, la politique et le commerce, afin de donner aux travailleurs une voix plus juste dans le gouvernement du pays, ainsi que de permettre aux pêcheurs d'être traités équitablement » (W.F. Coaker : 1930, p. 5-6). L'objectif visé n'était cependant pas la révolution; Coaker et le FPU ont cherché à réformer le système en place pour que la richesse provenant des pêches soit répartie de façon plus équitable.

Constitution and Bye-Laws: Fishermen's Protective Union of Newfoundland Page couverture de Constitution and Bye-Laws: Fishermen's Protective Union of Newfoundland, n.d.
Reproduit avec la permission des Archives du diocèse catholique de St. John's (106/19/4), St. John's (T.-N.)

Pendant des siècles, la morue salée a été le pilier économique principal de Terre-Neuve. Bien que la grande majorité des pionniers qui se sont installés en permanence à Terre-Neuve soient arrivés entre 1780 et 1820, la structure des pêches était demeurée pratiquement inchangée plus d'un siècle et plusieurs générations plus tard. Les changements qui avaient été apportés au fil du temps n'avaient pas été avantageux pour les pêcheurs des petits villages éloignés. Les marchands de St. John's dominaient de plus en plus le commerce et souvent, ils embauchaient des marchands de villages comme leurs agents. L'organisation du travail a également changé au cours de cette période. Les colons et les domestiques salariés étaient beaucoup moins nombreux dans la seconde moitié du 19e siècle. Si des marchands indépendants embauchaient d'autres pêcheurs pour augmenter la taille de leurs équipes, il s'agissait de pêcheurs à la part, qui recevaient non pas un salaire, mais plutôt une part de la prise.

Les équipes, constituées essentiellement de quatre à six membres d'une même famille, pêchaient dans de petites embarcations non pontées près de la côte ou, s'ils allaient plus loin en mer, à bord de petites goélettes. Ils traitaient le poisson sur le rivage et avaient recours à leurs propres installations : quais, chafauds, entrepôts et étendoirs, et comptaient sur les autres membres de la famille, particulièrement les femmes, pour superviser le saurissage et la production de marchandise commercialisable.

À la fin de la saison, les équipes livraient leur poisson salé au marchand, envers lequel elles avaient contracté une dette au printemps pour se procurer de la marchandise. Le marchand approvisionnait les équipes en produits alimentaires de base (farine, mélasse et beurre) et leur fournissait tout ce dont les familles avaient besoin pour survivre ou pour pêcher durant la saison. Cette entente contractuelle, connue sous le nom de système de crédit ou de paiement en nature, permettait au marchand d'exploiter les équipes. En effet, l'entente obligeait les équipes à vendre leur poisson au marchand, qui faisait lui-même le tri et déterminait le prix de la vente et celui de la marchandise que les équipes recevaient en échange. Lorsque les équipes s'acquittaient de leur dette à l'automne, nombreuses étaient celles dont le compte accusait un déficit, qui était reporté à la saison suivante. La majorité des équipes se trouvaient donc prises dans un cercle vicieux où elles ne pouvaient se libérer de leurs dettes. Cette situation les obligeait à faire affaire avec une seule société et rendait impossible la négociation d'ententes plus avantageuses auprès d'autres marchands.

William Ford Coaker (1871-1938), n.d.
Richard Hibbs, Who's Who in and from Newfoundland 1930, 2e ed. (St. John's, Terre-Neuve: R. Hibbs, 1930) 65.
William Ford Coaker

Il y avait peu d'options : le poisson salé était principalement destiné à l'exportation et les pêcheurs n'avaient pas d'accès direct aux marchés d'Europe, du bassin méditerranéen et d'Amérique du Sud. La tâche du marchand était de faire la liaison entre l'étendoir du pêcheur et le marché outremer, et cette entente le favorisait grandement.

Cependant, jamais dans l'histoire la population de pêcheurs de Terre-Neuve n'avait été aussi divisée sur le plan social et économique. Là où il y avait concurrence entre les compagnies de marchands, certains des pêcheurs réussissaient à négocier des ententes plus avantageuses, ce qui leur permettait d'acquérir une certaine indépendance et de ne jamais, ou rarement, contracter des dettes. Ils se servaient de leurs surplus pour acheter de la marchandise additionnelle ou pour générer un revenu monétaire. La majorité des pêcheurs n'avaient cependant pas cette chance et terminaient chaque saison en comblant à peine leurs besoins de base ou en contractant des dettes. Durant les années difficiles, comme en 1908, lorsqu'un surplus de poisson à l'automne a fait chuter les prix, de nombreux pêcheurs ont dépassé leurs limites et ont alors fait face à de grandes difficultés.

La centralisation de l'industrie à St. John's, la dépendance accrue des gros navires à vapeur pour exporter le poisson aux marchés et la concurrence féroce entre les marchands de Water Street, qui se dépêchaient de mettre le poisson sur le marché et le tri du poisson moins rigoureux ont fait baisser la qualité des exportations de morue salée de Terre-Neuve. Les prix, tout comme les salaires des pêcheurs, ont baissé.

Coaker a tenté de redresser certains de ces supposés torts en formant le FPU. Le moment était bien choisi. Lors de la première assemblée annuelle du conseil suprême du FPU, qui s'est tenue à Change Islands, du 29 octobre au 3 novembre 1909, Coaker a expliqué aux délégués que « l'année dernière, particulièrement durant l'automne, le poisson a été une denrée méprisée, et on n'oubliera pas de sitôt la façon dont les exportateurs de poisson ont traité nos pêcheurs. Nous n'oublierons pas non plus les leçons que nous avons tirées jusqu'en 1908, afin de ne jamais plus nous trouver dans une situation semblable et subir ce traitement. » (Coaker: 1920, p. 3)

Les pêcheurs de Terre-Neuve étaient prêts à agir collectivement : Coaker a pu signaler lors de l'assemblée de 1909 qu'en un an à peine, 50 conseils locaux s'étaient formés et comptaient 1 200 membres. Durant cette année, partout où il s'est aventuré (à pied, principalement le long de la côte nord-est) pour faire la promotion du syndicat, il a rencontré des candidats réceptifs et enthousiastes à l'idée d'adhérer au syndicat.


Opposition catholique
La principale difficulté à laquelle s'est buté le syndicat est survenue durant les premières années. L'Église catholique, dirigée par l'archevêque M.F. Howley de St. John's, croyait que la constitution du FPU faisait du syndicat une « société secrète ». Coaker a agi rapidement pour apaiser les préoccupations de l'archevêque et a modifié la constitution, en retirant la disposition sur les serments secrets. Il a ensuite éliminé tous les serments qui pourraient offenser, et les a remplacés par une « déclaration d'adhésion ». L'évêque McNeil, de St. George's, a accepté la nouvelle constitution bien avant que l'archevêque Howley donne son approbation.

Archevêque Michael Francis Howley Archevêque Michael Francis Howley (1843-1914), n.d.
Peter Neary et Patrick O'Flaherty, Part of the Main: An Illustrated History of Newfoundland and Labrador (St. John's (Terre-Neuve): Breakwater Books, © 1983) 104. Offert par les Presentation Congregation Archives, Presentation Convent.

L'archevêque Howley, qui s'insurgeait contre les serments secrets, était peut-être en fait plus préoccupé par les répercussions que pourrait avoir un syndicat laïc auquel la population catholique des régions éloignées accorderait sa loyauté, car cela affaiblirait peut-être l'autorité de l'Église. Pour l'archevêque Howley, des politiques établies en fonction des classes qui défient les structures hiérarchiques étaient de l'hérésie. Quoiqu'il en soit, sa réticence à l'égard de la création du syndicat a fait en sorte qu'un nombre limité de membres de la population majoritairement catholique du sud de la péninsule d'Avalon et de Conception Bay ont adhéré au syndicat. Le successeur de Howley, l'archevêque Roche, a été un opposant encore plus farouche, surtout pour ce qui est de la participation du syndicat aux questions politiques.

Cependant, sur la côte nord-est, où la population était majoritairement protestante, le FPU s'est solidement implanté. En 1914, le syndicat comptait plus de 21 000 membres répartis dans 206 conseils, soit plus de la moitié des pêcheurs de Terre-Neuve. Le syndicat constituait un groupement unique dans la colonie, mais sa structure était basée sur les principes démocratiques des sociétés fraternelles familières aux pêcheurs, particulièrement le Orange Lodge. Les membres ont formé un conseil local et ont élu un dirigeant pour les représenter au conseil du district. Les agents du conseil du district et les présidents des conseils locaux formaient le conseil suprême. Tous les pêcheurs, les côtiers, les colons, les bûcherons, les fermiers et plus tard, les employés de la Fishermen's Union Trading Company (UTC) pouvaient adhérer au syndicat, mais la grande majorité des membres vivaient de la mer. Le pouvoir était réparti, et allait du conseil suprême aux conseils locaux. Coaker, chef charismatique et dynamique, exerçait cependant une grande influence sur les affaires du syndicat.


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